En janvier 2007, je rencontre Monsieur
Hormidas Parent à sa demeure de Saint-Basile-Le-Grand et j’apprends que
Hormidas est le frère de monsieur Arthur Parent résidant dans notre
municipalité. Monsieur Arthur Parent a lui aussi travaillé sur l’Ile aux
Cerfs en même temps.
Vers les années 1940, la compagnie J. D.
Parent et fils, dirigée par leur père, entreprenait des contrats de
construction, de réparations et excavations et autres objets.
Ce qui nous intéresse à cette compagnie
c’est qu’elle avait convenu d’exécuter son projet sur l’ile aux Cerfs
durant les années 1940. Une entente avait été établie avec elle par un
dénommé Donat Turcotte pour certaines tâches sur l’ile aux Cerfs. Ce
monsieur Turcotte, suivant notre information, employé d’Hydro-Québec,
était un bénévole qui s’occupait des organisations charitables du
diocèse de Montréal. Ces organisations étaient sous la gouverne
de Monseigneur Conrad Chaumont évêque auxiliaire de Montréal. À cette
époque, ce dernier voyait aux activités qui se passaient sur l’Ile aux
Cerfs. Madame Lucille Lafrenière Cyr nous a déjà corroboré ce fait.
Monsieur Parent nous informe qu’il y est
arrivé pour la première fois vers 1943 et s’y est rendu très fréquemment
jusque vers 1950.
Pour raviver sa mémoire, je lui montre
les photos de la famille Cyr. Il se souvient très bien de Claude et
Lucille.
En voyant la chapelle sur la photo
(photo 1), il me dit, c’est nous qui l’avons bâti. Elle n’était pas là
la première fois que nous nous sommes rendus sur l’Ile. C’est la
première construction que nous avons érigée. Le bois de charpente avait
été donné par J.J. Seguin de Saint-Lambert. Bien entendu, ces personnes
charitables avaient été sollicitées par monsieur Turcotte.
Les bâtiments que je vois sur les photos
étaient tous là, sauf peut-être, la chambrée des garçons.
Notre contrat consistait à construire de
nouveaux ouvrages et également à réparer ou rendre accessible les
autres. Le dortoir des filles sur cette photo (photo 2) était un ancien
poulailler que nous avons transformé, Madame Lafrenière-Cyr nous avait
fait la même remarque.
Monsieur Parent pense avoir dressé une
bâtisse concernant celui des garçons (photo 3), mais il n’en est pas
certain. Peut-être que nous l’avons rénovée en fin de compte ?
Bien entendu à notre première
intervention sur l’ile le manoir était bien en place. Il était occupé
par les « sœurs » (religieuses), mais je ne me souviens pas du nom de
leur congrégation. Suivant une personne qui a dernièrement communiqué
avec moi serait celle des Oblates Franciscaines de Saint-Joseph,
congrégation fondée en 1945.
Notre travail sur le manoir a consisté à
agrandir et rénover les cuisines. Sur la photo, on voit l’extension du
coin repas. Elles servaient à tous les bénéficiaires et employés qui
vivaient sur l’ile.
Sur les photos 4 et 6, la maison
principale est photographiée sur deux périodes différentes. Le numéro 4
date des années 1940-50, le 6, les années 1920-29. Sur la photo 5, on
voit un agrandissement à l’ouest du manoir, c’est probablement la partie
mentionnée par monsieur Parent. Sur l’autre photo 7, nous pouvons en
remarquer à l’arrière du manoir et non vers le côté ouest, mais nous
nous rappelons que cette photo date des années 1920.
Monsieur Parent se souvient qu’au début
il y avait les religieuses et les frères Saint-Gabriel. Il n’y avait pas
les pères Franciscains, ils sont arrivés un peu plus tard.
Avant la saison hivernale, une journée de
travail commençait par se rendre sur l’ile avec le bac amarré au terrain
de monsieur Lafrenière. On traversait avec un camion et notre
équipement. Parfois, c’était des membres de la famille Lafrenière et
d’autres fois un monsieur Blain qui était à la commande du bac.
Monsieur Lafrenière aurait bien voulu
avoir le contrat sur l’ile et un jour il refusa à mon père de le
conduire avec le bac, lui disant de prendre les chaloupes pour
transporter son équipement de l’autre côté de la rivière, mais le
problème s’est résolu amicalement.
Un jour, nous avions un camion de sable à
traverser. L’embarcation était vieille et c’était une période pluvieuse.
Les côtes étaient assez abruptes et mon père décida de poser des chaînes
autour des roues pour faciliter la montée vers l’Ile. En arrivant au
quai de l’Ile, le camion s’avance et dès que les roues sortent du
pontage du quai, le devant du camion s’enfonce dans le sol. Les roues
arrière sont encore sur le bac, mais tournant dans le vide elles
défoncent le pontage et le tout se retrouve en partie sur la rive et sur
le bac. Le sable se déverse du camion et l’embarcation commence à
couler. Pour se rendre dans l’eau, mon père fait allonger les manches
des pelles pour vider le bac et le camion du sable renversé. On a réussi
à retirer le camion du bac et à le sécuriser sur l’Ile. On fait appel au
traversier du village conduit par monsieur Wilbrood Archambault. Il est
remorqué jusqu’au quai Lafrenière, monté sur la côte et réparé.
Une autre fois en automne, avec monsieur
Blain à la commande du bac, c’est le câble qui s’est brisé. Nous avons
dérivé plusieurs milles et encore une fois le bac du village nous a
secourus.
L’hiver, nous traversions sur le pont de
glace à partir de Saint-Charles. Nous servions de commissionnaire
également et prenions le lait, courrier et autre à la ferme d’un
monsieur Rémy.
Un petit
téléphérique qui avait été donné par Bédard et Gérard (électricien)
avait été installé entre l’Ile et la berge de Saint-Charles. Par cette
nouvelle trouvaille, les Rémi s’occupaient de faire traverser le lait,
courrier, etc.. Mais, un certain hiver, un gros verglas se fixa au
câble, les poteaux penchèrent de chaque côté et le câble se prit dans la
glace. L’embarcation fut emportée lors de la débâcle du printemps.
Dans le livre de Saint-Charles 1695-1995,
durant la période des années 1940, on parle des services rendus sur
l’Ile par un bac et un téléphérique ce qui corrobore les souvenirs de
monsieur Parent.
Monsieur Parent est âgé de 81 ans, est plein de santé, de temps en temps
aide encore ses fils et semble avoir une excellente mémoire. Je le
remercie sincèrement de m’avoir consacré un peu de son temps et de
prendre note de ses remarques.
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