La vie à Saint-Marc
Allocution de R
obert Beaudry

À l'occasion du 20e anniversaire

Moi Robert Beaudry, née à l’hôpital Ste-Justine le 6 décembre 1943

Mes parents n’avaient pas d’automobile, donc René Daigle officiait comme chauffeur de taxi, sur le pont Jacques-Cartier ma mère demande d’accélérer, car j’étais pressé de sortir. Impossible rebondi René, la chaussée est verglacée.

Ma mère, Claire Handfield, était diplômée en science infirmière de l’hôpital Ste-Justine. Elle connaissait beaucoup de travailleuses. On lui offre un fauteuil roulant, non une civière, et tout de suite, toi Fontaine attrape le bébé. Quelques secondes plus tard, je projetais mes premiers vagissements, ce ne furent point les derniers.

Ce que l’on peut retenir de cette aventure, plusieurs choses :

-        Les automobiles étaient rares

-        Il y avait une tempête de verglas le 6 décembre

-        Ma mère demeurait à la campagne, épouse d’un cultivateur

-        Rares sont ceux de mon âge qui sont nés à l’hôpital

-        En ces temps une fille en se mariant laissait sa profession pour devenir une épouse et une mère à plein temps

À ma connaissance ma mère était la seule infirmière à avoir épousé un cultivateur.

Elle a rendu service à plusieurs femmes lors d’accouchements surtout les premières années, après, quelques séries d’injections et des conseils médicaux ont fait profiter aux St-Marcois des ses connaissances médicales.

Une anecdote : elle assiste le docteur Lapierre de Verchères lors d’un accouchement, elle prend le bébé pour lui prodiguer les premiers soins, se faisant elle met des gouttes d’argirole pour désinfecter les yeux, voyant cela le docteur lui arrache la bouteille des mains, selon lui c’était contre indiqué, voilà pourquoi il y a plusieurs gens de ce temps qui ont souffert de problèmes des yeux.

Ma mère était la 22e enfant de Hormidas Handfield et Joséphine Chicoine, c’était la famille la plus nombreuse de St-Marc, suivie par la famille Jeannotte, les grands-parents de Yvon, Denis, Alphonse, etc.

II y a eu d’autres à mon époque, Ludovigus Malo et Anna Alaire 18 enfants, je n’en connais pas d’autres qui aient dépassé la dizaine.

Mon père a un premier pickup en 1951, son premier char en 1961.

À cette époque aux soixante, on connaissait la grande majorité des autos qui passaient, contrairement à aujourd’hui.

Nous avons eu l’électricité en 1951 aux soixante et au 14, les gens des 30 l’ont eue en 1950. La Southern Canada Power exigeait 100 $ pour allonger jusqu’au 60, ce que la majorité a refusé. C’est ainsi que la Shawinigan Power a étendu sa ligne aux rangs des14 et des 60 en 1951. Le seul avantage que l’on en a tiré, c’est que les pannes de courant étaient plus rares sur les lignes de la Shawinigan.

Les routes étaient en gravier, même les rues du village, par contre il y avait des trottoirs au village.

La montée Verchères a été aménagée en 1954 sous le règne de Clodomir Ladouceur, député et maire. Le sable pour l’assise de la route a été puisé sur un lot appartenant à Alphérie Archambault, sur la petite montagne, là où il y avait un verger, et au pied duquel on puisait l’eau.

Nous avions le téléphone depuis les années 1916, grâce à des ententes coopératives avec les citoyens propriétaires et c’était beaucoup mieux que dans les municipalités voisines

Pour ce qui est de l’aqueduc, des bassins recueillaient l’eau au pied de la petite montagne, laquelle était acheminée par tuyaux jusqu’aux maisons et fermes; aux soixante le tuyau a été remplacé par un en plastique en 1953.

Au coin des soixante il y eut une toilette à l’eau dès 1905 ainsi qu’un bain

Les tracteurs étaient rares, mon père en a eu un 8-16 pas fiable, après un 10-20 sur crampons d’aciers. Son premier C en 1949, pas d’hydraulique, puis un super C en 1951 ou 52.

Pendant ce temps M. Blanchard Loiselle avait un 70 Cochut sur pneus, M. Charles Émile Fontaine avait un W4.

Même si nous n’avions pas l’électricité, nous avons eu notre première trayeuse mécanique en 1947 actionnée par un moteur à gazoline, lequel actionnait une pompe à vacuum et une petite génératrice pour la pulsation.

De même pour un refroidisseur à lait à la gazoline, car on produisait du lait pour le marché frais, un lait nature pour la laiterie Victoria à St-Lambert.

Évidemment c’était à l’intérieur d’un bassin rempli d’eau.

Les réservoirs en vrac (bull tank) sont apparus en 1958, suite à une injonction obtenue en cour provinciale pour pouvoir ramasser le lait en vrac.

Faire les semis était une rude épreuve, l’outillage était un héritage d’une autre époque, les années de guerre ont retardé de beaucoup la modernisation de l’outillage, nous réalisons aujourd’hui en quelques heures ce qui nous prenait quelques semaines à cette époque.

Pour les foins, les chevaux et les chargeurs de foin lousse étaient une nette amélioration sur les "vaioches".

Les presses à balles rectangulaires sont apparues vers 1952 et les fourragères vers la même époque. On finissait les foins pour la Ste-Anne le 26 juillet, aujourd’hui la même quantité se fait en 2 jours.

La lieuse pour la récolte des grains était apparue au début du siècle sans grosse amélioration avant l’arrivée des moissonneuses batteuses trainées au milieu des années 50, et là encore on devait ramasser et monter au grenier des poches qui pesaient autour de 100 livres.

Les premières moissonneuses avec réservoir vrac sont apparues à la fin des années 50, la première à St-Marc fut la propriété de Maurice Archambault. Elle fauchait 8 pieds de large, loin des 40 pieds de Ferme Agi-Vallée.

Évidemment l’école de rang : aux soixante elle a brulé en 1947 pour être reconstruite au 450 des 60, pour accueillir les premiers élèves en septembre 1948. En 1947-48 les cours se sont donnés dans la maison chez nous, je n’ai pas beaucoup de souvenirs.

Vu que l’école a été relocalisée, Charle Émile Fontaine ne l’a pas acceptée et a envoyé ses filles pensionnaires à la semaine, au couvent au village. L’école rouge avait 4 étages, il y avait un dortoir au quatrième et une cuisine au sous-sol

L’école de rang, à divisions multiples, nous a préparés à la vie, les institutrices avaient du cran, une année nous étions 32 pour divisions, la maitresse avait accepté une famille en milieu d’année et il y avait une fille en huitième année.

Moi j’ai pris en alternance la tête et la queue avec Gisèle Archambault. Nous étions deux pour quelques année puis Monique Tanguay s’est jointe à nous.

La religion occupait une large place dans nos vies. La messe dominicale était de rigueur ainsi que les fêtes de la Toussaint, des morts, l’immaculé, le mercredi des Cendres, la semaine sainte, le chapelet à la croix du chemin en mai et les premiers vendredis du mois.

Pour les loisirs nous entendions souvent la phrase allez jouer dehors. Évidemment, quand nos tâches sur la ferme ou à la maison étaient terminées, nous étions mis à contribution dès le jeune âge.

Vers l’âge de 16 ans, nous pouvions nous sauver au village pour jouer au tennis derrière le magasin général

Pour le village dans les années 50 il y avait 3 magasins Tit-Jos Noël, Dollard Hébert et Elzéard Daigle. Ce dernier avait un abattoir et dépeçait les bêtes. Le Bureau de poste était tenu par les demoiselles Blain; la Caisse Populaire par dame Angélique Dufort.

Il y avait 2 menuisiers fabricants de meubles Lionel Robert et Samson Blain

Une meunerie Pascal Loiselle, un vendeur d’automobile Chrysler et d’essence Léandre Ducharme, il exploitait aussi un service d’autobus entre St-Antoine et le terminus Berri à Montréal.

Nous avions les services d’un forgeron, Philippe Pétrin.

Un hôtel était exploité en face du quai par Xiste Préfontaine.

Le notaire Handfield tenait bureau dans sa résidence et Mme Handfield tenait une pension de famille dans ce qui fut par la suite l’Auberge Handfield.

Je pourrais parler longuement de mes jeunes années et des gens qui peuplaient le St-Marc des années 50. Peut-être ma mémoire me ferait défaut et je pourrais commettre des calomnies et quelques médisances donc je m’arrêterai là.

Merci de votre attention,

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Publication : octobre 2013